ITT ET BIEN-ETRE

Bien-être environnemental, qualité de vie et rapports sensibles aux territoires. Vers une meilleure insertion paysagère et appréhension du cadre de vie, pour une meilleure adhésion sociale aux grandes infrastructures de transports terrestres.

Responsable scientifique

Guillaume FABUREL
guillaume.faburel@univ-lyon2.fr
Université Lumière Lyon 2 (IUL), UMR Triangle
Aménités

Durée de la recherche : 36 mois

Interview

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Résumé

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Si des efforts ont été réalisés ces dernières années pour saisir les rapports paysagers et sensibles des populations à de grands équipements dites structurants (ex : éoliennes) et/ou aux territoires dans lesquels ils s'insèrent, les grandes infrastructures de transport terrestre (ITT) de l'interurbain demeurent très peu étudiées sous un angle spécifiquement qualitatif, qui plus est sous celui du bien-être et de la qualité de vie, deux notions qui opèrent un retour remarqué tant dans le monde académique que dans le champ de l'action territoriale. Il demeure donc une demande de prise en compte des sensibilités paysagères habitantes et du bien-être procuré dans le cadre de tels projets d'ITT, et ainsi de qualification d'autres territoires de référence, que ceux institutionnellement définis.

En outre, d'un point de vue plus opérationnel, les milieux humains sont souvent mal étudiés lors des études environnementales, ce qui représente une lacune de plus en plus vive. Les perceptions qu'ont les riverains de leur cadre de vie ne sont pas observées de façon rigoureuse dans les études environnementales. Elles constituent pourtant un des leviers sociologiques permettant d'appréhender l'"acceptabilité" d'un projet et de ses aménagements.

Au croisement de ces deux constats, ce travail a alors pour objectif général de mieux comprendre ce qui fait ressentis de bien-être environnemental et représentations de la qualité de vie dans ces nouvelles conditions que constituent, pour l'adhésion sociale et l'insertion territoriale des grands équipements, les paysages comme vecteurs d'autres sens territoriaux : phénoménologiques, symboliques, esthétiques, axiologiques... Particulièrement, ces ressentis de bien-être environnemental et ces représentations de la qualité de vie sont analysés sous l'angle :

  • des ambiances portées par de tels paysages, des représentations qui y sont attachées, des relations sensibles nouées aux lieux de vie (visuelles, sonores, olfactives...) ;
  • et des valeurs, principes et enjeux qu'ils portent pour l'adhésion sociale, donc aussi sous l'angle des attentes des habitants en la matière.

Cette recherche s'intéresse à trois sites choisis sur deux projets, laissant la possibilité de puiser dans différentes sensibilités paysagères et impliquant des paysages jugés ordinaires ou plus remarquables (catégories officielles, ou classification d'opérateurs/AMO, telle la SETEC) :

a) La Ligne à Grande Vitesse entre Belfort et Mulhouse (appelée tronçon C de la LGV Rhin Rhône branche est) 1ère phase, dont la mise en fonctionnement a été réalisée en décembre en 2011.
b) La Ligne à Grande Vitesse Bordeaux-Toulouse (intégrée au programme GPSO), pour laquelle les études d'Avant-Projet Sommaire ont été réalisées, et, dans ce cadre, des concertations dédiées organisées (ex : ateliers thématiques inter-experts avec élus et représentants associatifs).

Au final, ce travail donne lieu à :

  • un état de l'art scientifique croisant acquis et limites relatifs aux approches souvent dissociées du bien-être environnemental, des représentations paysagères et des ressentis sensibles, tout ceci sous l'égide des réflexions géographiques, psychologiques (cognitive et sociale), paysagères/esthétiques et politiques en premier lieu sur le bien-être et les paysages. Cet état de l'art permet notamment, par l'éclairage de plusieurs notions (non seulement bien-être et qualité de vie, mais aussi paysage, environnement, ambiance, sensible et esthétique, lieu et territoire...), d'affiner le questionnement et jeu d'hypothèse sur leurs formes matérielles et sociales, leur construction, les rapports d'appartenance et d'ancrage qui les soutiennent ;
  • une analyse des discours des habitants (3 focus groups), organisée autour de deux grandes familles de recueil : l'état, le niveau et surtout les facteurs déterminant du bien-être et de la qualité de vie locale (territoire, environnement, paysages) ; les enjeux concrets relatifs à l'insertion paysagère des projets (tracé, design des ouvrages d'art et des modelés, plantations, esthétique, compensations...), à leur "adhésion sociale", et à la place des positions habitantes dedans. De ces deux familles de résultats empiriques découlent plusieurs types de données, listes et analyse de faits typifiés: sur les paysages et ambiances défendus par les habitants, sur leurs compositions matérielles et immatérielles, sur les attentes pouvant en découler, sur les critères d'adhésion ou d'opposition aux projets, à leurs démarches, portages et productions de sens géographique... ;
  • à l'issue d'un séminaire acteurs-chercheurs, une note de synthèse (sous formes de fascicules documentaires grand public) tirée des dialogues et échanges sur des recommandations méthodologiques négociées, en matière de d'outils paysagers, pour notamment prendre en compte de manière plus opérationnelle, ressentis (ex : des ambiances), représentations (ex : de la qualité de vie), opinions / attitudes (ex : face aux enjeux paysagés portés par les projets) des populations en lien avec le bien-être dans les projets d'étude ; mais aussi dès lors, penser des dispositifs (partenariaux, participatifs...) et actions (sensibilisation des populations, compensations territoriales, démocratisation des savoirs...) dédiés à l'adhésion sociale aux ITT.