E=RC+

Investir le E de manière intégrative et mesurer les conséquences sur le R et le C dans le cadre des projets d'aménagements d'infrastructures.

Responsable scientifique

Thierry TATONI
thierry.tatoni@imbe.fr
OSU Institut Pythéas

Durée de la recherche: 14 mois

Interview/

 Résumé

Rapport final (à venir)

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L'érosion de la biodiversité en Europe est majoritairement reliée à la fragmentation et à la perte des habitats (semi-)naturels. Le renforcement des textes réglementaires et l'accent porté sur la séquence ERC avec la publication de la séquence ERC (Eviter Réduire Compenser), ont permis un ralentissement de l'artificialisation des terres ; mais les projets d'aménagement ne prennent pas encore correctement en compte les enjeux de biodiversité et de ce fait, artificialisation et érosion se poursuivent.

L'évolution réglementaire récente, passant de la prise en compte quasi unique des espèces protégées à la prise en compte des fonctionnalités écologiques à travers la biodiversité ordinaire et les continuités écologiques, introduit la nécessité de réfléchir autrement la mise en oeuvre de la séquence ERC. En effet, si le E est relativement envisageable vis-à-vis de la biodiversité dite patrimoniale, en est-il de même lorsqu’on intègre la biodiversité commune et les fonctionnalités écologiques ?

Ce type de questionnement interpelle conjointement les sciences de l'écologie et du droit pour progresser ensemble sur l'efficience et la prise en compte des fonctionnalités écologiques, en faisant le lien entre biodiversité, intégrité fonctionnelle et services écosystémiques. De plus la conception et l'évolution d'un projet d'aménagement et son impact sur le territoire présentent toutes les caractéristiques d'un système éminemment complexe. En cela, elles ne peuvent être appréhendées que par des méthodologies adaptées reposant sur le partage des enjeux et l'élaboration de propositions co-construites, ainsi que sur l'analyse du lien entre l’ouvrage lui-même et les impératifs de préservation des fonctionnalités écologiques et de la biodiversité dans le temps (approche prospective).

L’objectif du projet E=RC+ est de proposer un processus reproductible issu d’une démarche de co-production et de réflexion dans un cadre prospectif qui pourrait être systématisé dans la préparation (en amont) et l'évaluation (analyse de l’empreinte socio-écologique) des projets d'ILT (nouvelle infrastructure ou requalification). E=RC+ développera les modes opératoires permettant d'intégrer la complexité des enjeux et les questions posées par la transparence écologique des ILTs.

Pour ce faire, le projet E=RC+ va investir le E de la séquence ERC et va mesurer ses conséquences sur le R et le C à travers deux cas concrets de projets ILT. Ces cas seront traités en s'appuyant sur la co-construction d'un processus prospectif (i.e. l'élaboration de scénarios d'évolution des territoires) et intégratif (i.e. intégration de la biodiversité en amont des projets d'aménagements, mais tout en prenant en compte les enjeux et verrous des aménageurs) permettant l'amélioration de la transparence écologique des infrastructures linéaires de transport (ILTs). Afin d'atteindre à cette intégration des enjeux, les scientifiques et aménageurs du groupe GASBI (Groupe d'échanges entre Aménageurs et Scientifiques pour la Biodiversité et les Infrastructures) travailleront ensemble dans une logique collaborative et en intelligence collective (base de la co-construction), constructive, apprenante et produisant des bénéfices mutuels (contraintes des aménagements / biodiversité). Différents scénarios de changements d'usage des sols intégrants les enjeux liés à l'ILT et intégrant ou non les contraintes liées à l'évitement et à la conservation des fonctionnalités écologiques seront co-construits en ateliers. Ils serviront de base à l'évaluation (modélisation) des continuités écologiques ; l'évolution positive ou négative des continuités écologiques permettra de revisiter les scénarios jusqu'à trouver un équilibre entre projet de développement et enjeux de biodiversité.